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Récit du Voyage en Colombie Britannique du 11 au 26 septembre 2010
dimanche 14 novembre 2010, par Yves VAUBERT

Les renseignements sur la Colombie Britannique : ici

Il s’agissait d’une sortie club prévue depuis plus d’un an et préparée avec grand soin par l’un des participants : Alain (le Dupond). Alain est un habitué de ces escapades lointaines car une partie de sa famille réside en Colombie Britannique. En fait Alain se proposait de nous faire découvrir quelques aspects de l’île de Vancouver, et de visiter la ville de Vancouver proprement dite, juste avant le retour en métropole.

Tout est gigantesque au Canada et l’île de Vancouver n’échappe pas à la règle : elle fait 460 km de long et 80 km de large. Grande comme quatre fois la Corse, sa population (750000 habitants en 2002) réside essentiellement dans le sud, autour de Victoria. Sinon, elle est pratiquement entièrement sauvage. La densité de ses forêts, ses arbres millénaires, la rareté des infrastructures et la faune qui y abonde font que c’est l’un des derniers endroits quasiment sauvages de la planète. Près de 30 000 ours noirs y vivent encore.

Mais il y a aussi sur la côte ouest une faune marine impressionnante et non moins sauvage : des baleines grises, des orques, des lions de mer, des phoques et j’en oublie.

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Alain le GO
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Peter

Alain nous avait montré des photos prises en plongée lors de ses précédents séjours, d’où il ressortait que les fonds n’avaient rien de comparable à ce que nous avions pu voir en France ou même dans les mers chaudes. Alors notre petit groupe de plongeurs (Alain mis à part) s’est décidé à vérifier sur place.

Un long voyage aérien nous permet donc de gagner Vancouver, via Toronto. Nous louons deux voitures de taille adéquate (un plongeur + ses bagages : c’est volumineux et lourd). Après une nuit réparatrice, nous prenons un ferry pour gagner l’île de Vancouver et traversons l’île d’est en ouest pour atteindre la petite ville de Port Alberni.

Peter Mieras nous attend avec son bateau, pour nous emmener jusqu’à Rendezvous Dive Adventures. Accueil sympa : Peter est hollandais, parfaitement bilingue et connait bien la France. Il a travaillé de nombreuses années dans un club de plongée sur la côte d’azur. Nous larguons les amarres immédiatement pour rejoindre notre lieu de séjour et de plongée avant la nuit. Imaginez une grosse construction en bois (y compris la toiture en cèdre rouge) nichée au bord de l’eau et au pied d’une grande falaise qu’il a fallu attaquer à la dynamite pour faire un peu de place, et vous aurez une petite idée de Rendezvous Dive Adventures. Le lodge est situé en pleine nature, à plus de 2 heures de bateau de Port Alberni, au fond d’une baie nommée Barkley Sound. Il est presque invisible de la mer tant il est bien intégré au paysage local.

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Deuxième accueil sympa, celui de Kathy, canadienne, épouse de Peter et maîtresse de maison. Nous sommes tout de suite invités à nous installer « comme chez nous », après une visite de l’établissement. Il y a tout le confort nécessaire et même un petit plus grâce à un jacusi extérieur chauffé. De plus la vue est magnifique sur la baie : des îles à perte de vue, de la forêt partout et une vie foisonnante un peu partout : oiseaux, lions de mer, saumons, aigles à tête blanche. Peter nous raconte qu’il n’est pas rare de voir des orques ou des baleines grises venir chasser juste devant chez lui et nous montre des vidéos personnelles inédites et extraordinaires.

Dès le lendemain matin nous attaquons le programme de plongées : il y en a 12 de prévues. Nous remarquons pendant le trajet que l’eau est plutôt jaunâtre en surface. Normal répond Peter : à cette saison il y a une couche de plancton sur plus de 8 m d’épaisseur. Elle subsiste jusqu’en décembre. Pour trouver de l’eau limpide il faudra donc dépasser cette profondeur, mais bien entendu une couche aussi épaisse intercepte beaucoup de lumière et un bon phare sera indispensable.

Nous partons en bateau pour toute la journée, avec le nécessaire pour le repas de midi (dont les cookies de Kathy qui ont laissé à tous un souvenir impérissable...humm !). Les sites de plongée ne sont pas très proches : il faut en général compter une petite heure. Et nous sommes encore loin des eaux libres du Pacifique. Nous naviguons dans un dédale inextricable de fjords, d’îlots et de roches. Il faut toute la connaissance des lieux de Peter (ainsi qu’un bon GPS) pour ne pas se perdre. De temps en temps des têtes viennent crever la surface de la mer : ce sont des groupes de lions de mer qui chassent le saumon.

Au bout de quelques jours cela deviendra tellement courant que nous n’y prêterons même plus attention. Nous aurons également la chance de voir des baleines grises en train de se « goinfrer » de plancton et qui sondent à quelques dizaines de mètres du bateau. Nous verrons aussi des aigles pécheurs, pygargues à tête blanche, perchés dans les arbres qui attendent patiemment qu’un poisson imprudent (et trop gourmand) vienne près de la surface. Mais le plus extraordinaire sera vu un soir au retour de plongée quand nous trouverons par hasard une maman ourse noire et son petit en train de s’offrir un plateau de fruits de mer à marée basse sur le rivage.

Lions de mer (JPG)
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Après de tels spectacles, on comprend que Peter et Kathy soient tombés amoureux de cette région. Les fjords sont en général très profonds (200 à 400m). Par conséquent Peter a deux types de sites à nous proposer : un haut-fond qui démarre vers 10 ou 15 m ou un « tombant ». Le genre « haut-fond » est facilement repérable, en général car on voit à la surface des algues géantes flottantes : les kelps. Elles peuvent mesurer jusqu’à 30m et forment de véritables forêts. Peter pose délicatement son ancre à la lisière des kelps et passe ensuite au briefing pour nous décrire le site de plongée.

Ensuite vient le cérémonial de l’équipement : une combinaison étanche (en théorie), beaucoup de plomb (13 ou 14 kg) et bien entendu un scaphandre. Une fois équipé c’est une sorte de gros cosmonaute lourd et maladroit qui finit par se jeter à l’eau. Les lions de mer du quartier doivent bien rigoler. L’eau n’est pas chaude : 10°C en moyenne mais c’était prévu. Arrivé à l’avant du bateau le cosmonaute se laisse glisser le long de la chaine d’ancre. Encore quelques secondes, juste le temps de traverser la couche de plancton et c’est l’enchantement. Alain a dit vrai !

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Les cosmonautes

Le cosmonaute s’est mué en poisson à peu près agile. L’eau est claire et d’un vert intense. Sur le fond tout est géant. Il y a des colonies d’anémones plumeuses de 30 ou 40 cm, blanches ou jaunes, des nudibranches de 20 cm, des holothuries, des étoiles de mer, des plumes de mer, des poissons que l’on n’a pas l’habitude de voir, des rockfishes de toutes sortes, des sébastes, des lingues et avec un peu de chance des poissons-loups. Malgré son nom ce sont des poissons très pacifiques, qui ressemblent un peu aux murènes mais avec un meilleur caractère. Il y a aussi des king-crabes, qui peuvent atteindre 40 ou 50 cm de diamètre, avec des pattes impressionnantes. Bref le photographe que je suis ne sait plus où « donner de l’objectif ».

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Chabot curieux
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Chimère
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King crab
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Loup de mer
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Je serais bien incapable de donner un nom à toutes les créatures qui évoluent sous mes yeux, mais je me promets de remédier à cette lacune plus tard. Par 2 fois nous verrons une pieuvre géante. C’est exceptionnel car elles sont plutôt timides et restent dans les abysses pendant la journée. La dernière, qui devait bien peser dans les 60 kg, n’était nullement intimidée par la présence de 3 plongeurs. Elle s’intéressait seulement à l’appareil photo d’Alain Morel et surtout à sa lentille macro attachée sous l’appareil par une ficelle. J’ai bien cru qu’Alain ne récupérerait jamais sa précieuse lentille.

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Parfois un lion de mer vient vérifier furtivement ce que l’on fait au fond. Avec beaucoup de chance on peut apercevoir un requin rare (à 6 fentes branchiales et sans nageoire dorsale). Bref, on ne voit pas le temps passer sous l’eau mais le manomètre à 50 bars vient nous rappeler qu’il est temps de revenir parmi les terriens. Si on retrouve l’ancre du bateau, l’affaire est sans problème, mais dans le cas contraire (le plus fréquent) il faut faire une remontée en pleine eau. Aucune difficulté, me direz-vous : on a l’habitude. Il s’agit seulement de rester à 3m (environ) pendant 3 minutes au moins pour faire le palier de sécurité. Sauf qu’il y a la couche de plancton. Et quand on traverse cette couche laiteuse, on ne réussit même pas à lire l’écran de l’ordinateur de plongée à 15 cm du masque. Il ne reste plus que les oreilles en guise de profondimètre. On n’ose pas trop utiliser le parachute, de peur qu’il n’aille s’accrocher dans les kelps.

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La profondeur du palier est donc un peu approximative, mais comme les plongées sont dans la zone des 20m et que l’ordinateur n’indiquait pas de palier là où on pouvait encore le lire, ce n’est pas trop grave. Après la plongée une boisson chaude nous attend sur le bateau, accompagnée des célèbres brownies que Kathy a préparés à notre intention. C’est un plaisir rare de les déguster, et une comptabilité rigoureuse est nécessaire pour traquer les gourmands.

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De retour au lodge, un autre plaisir nous attend : le jacusi. Admirer le coucher du soleil sur Barkley Sound et Rainy Bay le corps bien au chaud à 40 °C et une bière à la main n’est pas fréquent. Pour les amateurs de bains froids (optionnels mais probables) il y a aussi la possibilité de faire du kayak et d’explorer les îlots avoisinants. L’assistance lions de mer et phoques est assurée par le syndicat d’initiative.

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Le jeudi 16, Peter nous fait visiter la bourgade de Bamfield, perdue au milieu de cette immensité naturelle. Un petit ferry relie la cité à Port Alberni et il y a même une route qui assure le même service (quand tout va bien). Peter est connu comme le loup blanc dans la région et grâce à lui nous visitons un centre local d’études de la faune et de la flore marine, soutenu par 5 universités canadiennes.

Nous sommes le 18/09 : la semaine a passé très vite et l’heure du retour à la civilisation a fini par sonner. Peter nous reconduit à port Alberni et nous retrouvons nos véhicules qui nous attendaient sagement. Fini le monde sous-marin et place au milieu terrestre.

Une superbe route de montagne nous mène jusqu’à Tofino, sur la côte ouest. L’île de Vancouver garde des neiges éternelles sur ses sommets : on se croirait au milieu des Montagnes Rocheuses. Tofino et Ucluelet sont des stations balnéaires locales, très prisées. Il y a d’abord les surfeurs. D’immenses plages, de grosses vagues un peu partout même par beau temps. Le rêve !

Il y a aussi les amateurs de nature et de forêts. Eux-aussi sont gâtés. Il y a des dizaines de kilomètres de sentiers aménagés dans la forêt tempérée pluviale. Sur toute la planète il ne subsiste que deux ou trois endroits de ce genre, où la forêt est resté intacte depuis des millénaires. Il y a essentiellement des cèdres rouges, des adultes, des jeunes, des arbres vieux, morts ou brisés. Et chaque espèce aussi bien animale que végétale y trouve son compte. Entre autres habitants, il y a bien sûr des ours noirs, mais aussi des loups et des couguars. A l’entrée des parcs des pancartes préviennent les visiteurs de la dernière date de rencontre connue avec ces animaux, ainsi que de la meilleure conduite à tenir en cas de rencontre inopinée. Que faire si l’on rencontre un ours ? Que faire si l’ours attaque ? On est priés de ne pas perdre son sang-froid. D’après Alain, il parait qu’il y a des accidents chaque année

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Tofino : ocean village
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Laisse de mer
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empreinte troublante sur la plage
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Baromètre local
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La baleine d’Ocean village

Nous logeons à Ocean Village, à quelques kilomètres de Tofino. C’est un hébergement sympa en bord de mer, avec tout le confort désirable, y compris la piscine (elle aussi avec jacusi), mais sans restauration ni petit déjeuner. Il faut donc faire un minimum de courses. Comme Kathy et Peter ne nous ont pas une seule fois servi du poisson à table, nous décidons de goûter aux produits locaux. Nous essayons bien sûr des restaurants spécialisés un peu partout dans les environs, mais il y a aussi des poissonneries où nous trouvons de superbes parts de saumon frais et du halibu (flétan), y compris quelques huitres locales (gigantesques elles-aussi). Nous aurons un certain succès en faisant cuire nos énormes parts de poisson sur le barbecue commun du village de vacances, alors que nos voisins canadiens se mitonnent de tout-petits tournedos. Et comme nos équipements de plongée étaient encore en train de sécher devant nos chambres, certains se posaient des questions.

Nous sommes le 22/09. Il faut retourner à Vancouver. La journée sera longue. Dès 8h nous reprenons la route vers Port Alberni. Nous faisons une halte en pleine nature, à Cathedral Grove, pour voir une magnifique forêt de cèdres rouges. Parmi eux se trouve un géant : « the big tree ». Il mesure 76m, est âgé de 800 ans et fait 9m de circonférence à la base. Lorsque Christophe Colomb a découvert l’Amérique en 1492 ce petit jeune était déjà âgé de 300 ans !

le Big tree et l'auteur (JPG)
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Arrivée à Vancouver dans la soirée, après avoir pris le ferry à Nanaïmo. Nous retrouvons notre B & B et une nuit bien méritée. Les deux jours suivants, nous visitons la ville : tout d’abord Stanley Park et son magnifique aquarium, qui possède cinq bélougas. Ensuite Alain nous propose une séance de shopping dans le centre ville « historique » Water street. Il y a de beaux magasins, mais surtout une étrange horloge à vapeur avec des sifflets qui reproduisent la mélodie de Big-Ben.

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Enfin le soir nous testons un resto brésilien où l’on vous remet un carton vert et rouge en début de repas. Aussi longtemps que la face verte est visible on vous sert des brochettes de toutes sortes à volonté ! Le 24/09 est la veille de notre départ. Nous visitons le musée anthropologique, très moderne où l’on a réuni tout le savoir sur les tribus indiennes qui peuplaient (et peuplent encore) la région. Il y a entre autres des totems énormes, des outils de chasse et de pêche, des objets sculptés remarquables (Bill Reid) et une jolie collection de vaisselle française.

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Enfin Alain nous guide jusqu’à Granville Island. Il s’agit d’une petite île située en plein centre de Vancouver, sur la False Creek, au milieu des buildings. Il y avait là de grands entrepôts qui ont sombré peu à peu dans l’oubli et la désuétude. Ils ont été sauvés de la démolition et réhabilités en magasins, marchés et autres lieux pour touristes. L’endroit est très animé et sympathique. Il y a aussi une ligne de petits bateaux taxis amusants qui sillonnent la False Creek toute la journée pour quelques cents. Le 25/09 matin : fin des réjouissances. Nous reprenons l’avion, jusqu’à Montréal tout d’abord, puis Paris ensuite. Nous n’arriverons que le 26/09 au matin.

J’espère que ce petit compte-rendu ne vous a pas paru trop fastidieux. Je veux surtout remercier Alain de son remarquable travail de préparation. Je veux également remercier son neveu (parfaitement bilingue lui-aussi), qui réside à Vancouver et nous a plus d’une fois aidés et guidés dans cette ville. J’espère aussi qu’il vous donnera envie de visiter ce superbe pays et ses fonds sous-marins si étonnants.

Yves VAUBERT


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Les participants (et auteurs des photos) :
-  Catherine
-  Jean-Luc
-  Hélène
-  Dominique
-  Alain
-  Laurent (alias « La Rolls »)
-  Alain (Alias Dupond)
-  Yves (Alias Dupont)

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