La sortie du club du 16 au 20 octobre a été l’occasion de plonger sur les sites de la baie de St Malo et de découvrir
les richesses biologiques étonnantes de cette baie dont les conditions de marnage en font l’une des plus exceptionnelles au monde.
Bien sûr pour des raisons de sécurité, les dates sont choisies pour minimiser les effets de la marée sur les plongées.
Beaucoup d’espèces profite de ces effets de marée pour s’y établir ou se reproduire.
Quelques espèces remarquables ont pu être photographiées lors des 7 plongées de la sortie.
Il sera difficile de parler de toutes mais je propose la sélection suivante.
Coquillages et Crustacés étaient au menu sans oublier les poissons dont la diversité surprend toujours même le plongeur aguerri.
Je commencerai par les crustacés avec la présence d’un nombre important de homards sur les sites
Le homard possède deux pinces asymétriques l’une dite broyeuse l’autre coupeuse. Cela lui permet de casser les choses
dures et couper ou manipuler les morceaux plus fins avec l’autre.
Comme beaucoup de crustacés, il se régale des poissons morts ou autres cadavres tombés au fond. Il s’abrite dans les failles
ou trous, camouflé par quelques hydraires antennes.
Nous avons pu noter la présence sur un site de la langouste européenne avec de jeunes individus.
Homarus gammarus, Basse des Rousses 6m | Palinurus elephas, basse des rousses 20m |
La langouste revient en force en Bretagne notamment ces 4 dernières années. Avant la présence était rare et réservé à
des sites éloignés ou exceptionnels.
Aujourd’hui nous constatons que cela soit en baie de Morlaix ou de Saint-Malo ou autour de l’ile de Bréhat, la présence
de jeunes individus en nombre significatif.
Un autre crustacé présent est le tourteau. Cet animal se cache dans les rochers.
La photo montre un couple où monsieur s’intéresse à madame à droite. L’accouplement comme pour la plupart des crustacés
se produira après la mue.
Un autre couple de crustacés qui devra attendre ....les étrilles reconnaissables à leurs yeux rouges.
Cancer pagurus, basse des rousses à 12m | Polybius puber, basse des rousses à 19m |
Quelques galathées étaient présentes dans les failles et anfractuosités des sites visités.
Il existe plusieurs espèces de galathées dans la région : la galathée bicolore reconnaissable aux cernes bleues
autour des yeux des individus matures et la galathée noire qui a une coloration brun-foncé.
Petit piège cependant... le juvénile de la galathée bicolore ressemble à la galathée noire....
Galathea stigosa, le Bizeux à 3m |
Autre crustacé remarquable, la crevette Periclimenes qui se cache dans son anémone protectrice appelée ortie de mer
et qui ressemble aux espèces tropicales du même genre.
C’est le moment de la mue et souvent de la reproduction. Au Bizeux, 3 ou 4 individus étaient présents.
J’ai constaté une présence des crevettes sur les anémones bien éclairées.
Periclimenes sagittifer sur Anemonia viridis, Bizeux à 13 m | Inachus phalangium sur Anemonia viridis, le Bizeux à 5m |
Autre habitant des anémones, l’araignée des anémones Inachus qui vit souvent avec l’ortie de mer.
Quand l’araignée des anémones est présente il n’y a pas de crevette et réciproquement. L’araignée se placera sur des
anémones non éclairées ou en zone sombre.
Autre crevette la crevette bouquet très souvent au voisinage d’un prédateur regardez bien autour ...
Un congre est souvent là...
Ah oui il est là...derrière la roche | |
Palaemon elegans, basse des rousses à 17m | Palaemon elegans et Conger-conger, Basse Pouleverre à 11m |
Une autre araignée bien connue des gastronomes ....la maja de Bretagne qui n’hésite pas sauter sur ces assaillants.
Maja brachydactyla, Basse Poulverre à 15 m |
Enfin quelques derniers crustacés moins connus.
L’anilocre est un isopode qui parasite un nombre important de poissons (sur la photo, une coquette ...). Il vit
accrocher sur le poisson et collecte son sang.
Il monte sur le poisson porter par le courant en tant que larve et y reste la vie de l’animal en changeant de sexe
pour se reproduire.
Lors des plongées j’ai constaté la présence d’anilocres sur d’autres poissons : cténolabre, rouget, lieu, vieille...
Un dernier crustacé présent en baie de St Malo est le cirripède * Scapellum scapellum...Il est souvent attaché sur une gorgone ou sur des hydraires.
Labrus-mixtus avec Anilocra-frontalis, Basse Sud Est à 13m | Scapellum-scapellum sur Nemertesia-antennina, Basse Pouleverre à 11m |
Concernant les mollusques, de belles seiches étaient présentes dans les zones sableuses ou d’éboulis.
La seiche adopte une attitude aposématique * pour effrayer ces poursuivants ou une attitude plus cool ... avec des irisations vertes dues aux chromatophores
Sepia officinalis, le Bizeux à 14m | et une copine à 13m |
Autre bonne chose des mers d’Iroise, l’huître plate qui comme son nom l’indique est plate et comestible (edulis en latin veut dire qui se mange)
A ne pas confondre avec l’huître creuse qui remplit les bourriches de Noël. Celle-ci risque de ne pas passer les fêtes de fin d’année.
En effet, une éponge perforante du genre Cliona la recouvre et va bientôt la perforer libérant l’accès des prédateurs dont elle fait partie aux tissus du bivalve.
Ostrea edulis,Basse Pouleverre à 16m | Crassostrea gigas sur Cliona celata, Basse Sud Est à 4m |
Autres délices des plateaux de fruit de mer, la praire et le pétoncle de roche assez dure à mettre dans l’assiette
car toujours au fond des trous à l’inverse du pétoncle de sable...
Venus verrucosa ou praire, Basse Sud Est à 17m | Chlamys varia, basse des rousses à 10m- |
Enfin un nudibranche énorme pour finir avec les mollusques la Doris Marbrée Dendrodoris limbata. Limbata signifie margé.
Le bord jaune de cette limace concentre des ichtyotoxines ... en français des poisons pour poisson attention pas l’inverse.
Il est courant qu’on la rencontre encore en octobre alors que la plupart des autres nudibranches a disparu ....
Ce nudibranche mange des éponges du genre Suberites comme celle de la photo qui devrait lui convenir
Dendrodoris limbata, le Bizeux, 10m | Suberites ficus, le Bizeux, 6m |
Concernant les poissons nous commencerons par ceux au voisinage du sable. Ils sont été très nombreux.
Citons le dragonnet lyre ou le rouget de roche avec ces barbillons pour fouiller le sable et les roches
à la recherche de quelques crustacés.
Callionymus-lyra, le Bizeux | Mullus surmuletus, le Bizeux |
un mâle bien visible par ces couleurs éclatantes.... | Celui-ci est parasité par une anilocre |
Une autre famille de poissons est bien présente dans la baie de st Malo c’est les gobies reconnaissables
en autre par la présence d’une nageoire dorsale en 2 parties.
Le gobie paganel ou de roche est reconnaissable par ces écailles sur la nuque et sa robe marbrée
Beaucoup moins facile à identifier cette blennie (nageoire dorsale en une seule partie) qui ressemble à la blennie de Roux.
Le problème est que celle-ci ne fréquente pas la Bretagne ... mais quelle erreur !! Il s’agit en fait d’une blennie pilicornis qui se déguise ... | |
Gobius-paganellus, Bizeux | Parablennius-pilicornis, basse des rousses |
Un curieux poisson de roche était présent lors des plongées, il s’agit du poisson porte écuelle.
Il est très difficile à voir car il fuit à la moindre alerte au fond de la faille où il vit.
Son nom est dû au fait que celui possède une ventouse ventrale. En effet les premiers scientifiques qui étudiaient
ces poissons avaient l’habitude de mettre une écuelle pour tester la force de retenue de la ventouse.
Un autre poisson étonnant par son camouflage est le chabot.
Lepadogaster candollei, le Bizeux à 12m (Photo retournée) | Taurulus-bubalis sur l’éponge Pachymatisma johnstonia, Basse Pouleverre |
Les poissons près du fond étaient aussi de la fête avec les immanquables bancs de tacauds.
Ils sont reconnaissables aux bandes claires alternées. Il ne faut pas les confondre avec les capelans qui fréquentent les mêmes habitats mais plus souvent dans les failles. Ils sont un peu plus allongés et sans bande claire. | |
Trisopterus luscus, Basse Sud Est à 14m | Trisopterus-minutus capelan, basse des rousses à 11m |
Autre gadidé, le lieu jaune reconnaissable à sa ligne latérale brisée et ces 2 nageoires anales et 3 parties dans la dorsale.
Il forme souvent des bancs impressionnants de plus de 50 individus notamment sur les sites nommés « basse ». | |
Pollachius pollachius, basse des rousses | Pollachius pollachius, Basse Pouleverre |
Autres surprises proche du fond, les labres et les congres....
le congre et ses copines |
Conger-conger avec ses Inachus phalangium, basse des rousses |
crénilabre de Melops | Une vieille dans les algues |
Symphodus melops, basse des rousses | Labrus bergylta, le Bizeux |
labre rupestre dans une faille avec ses crevettes | Le labre rupestre juvénile reconnaissable à la bande blanche |
Ctenolabrus rupestris, basse des rousses | Ctenolabrus rupestris, Basse Sud Est |
Torpedo marmorata Les poissons cartilagineux étaient aussi présents...avec la raie torpille (photo prise sur le Feltard) dont les cellules électriques situées de part et d’autre des yeux peuvent transmettre jusqu’à 40 V afin d’assommer ses proies. Attention aux plongeurs de ne pas la toucher gare au choc électrique.... Cette raie possède des fentes branchiales en dessous et deux évents à côté des yeux. Autre poisson cartilagineux courant, la petite roussette que certains ont eu la chance de la voir dormir sur le sable entre les algues. La ponte d’une raie brunette (reconnaissable à son asymétrie et sa couleur foncée) qui affectionne les milieux sableux est plus facile à voir que l’animal adulte. Raja undulata Basse poulverre à 19 m |
Scyliorhinus caniculus, Basse Sud Est |
Pour finir quelques espèces qu’on voit souvent et qu’on ignore toujours .... mais qui sont tout de même étonnantes ... Pour commencer deux bryozoaires ou animaux mousses : un mou l’autre dur
L’alcyonidium est une colonie d’animaux microscopique placés dans des logettes avec un appendice permettant de capter le plancton (le lophophore). Ces animaux sont fréquemment ramassés par les pécheurs dans leurs filets et leur occasionnent des allégies cutanées reconnues comme maladie professionnelles.
La rose de mer (pentapora foliacea) est aussi un bryozoaire, les lophophores sont visibles sur les photos sur les bords des méandres. Les logettes sont en calcaire d’où l’aspect dur et fragile à la fois.
Alcyonidium sp, basse des rousses à 10m | Pentapora foliacea, basse des rousses à 20m |
Puis deux cnidaires :
le premier, un scléractiniaire ou corail dur avec ses cyanobactéries rouges (photo de gauche, ci-dessous). On distingue les polypes à boule du tissu transparent mou vivant au-dessus de la partie dure blanche.
Ce cnidaire est un hexacoralliaire, cela signifie que les polypes sont en nombre multiple de 6. (ici 18 ou 24).
Le corail étant allongé, il ressemble à la molaire d’un canidé d’où le nom commun dent de chien.
un second. Ces alcyons, encroûtants ou parasites suivant le support, sont eux des octocoralliaires car le nombre de polypes est un multiple de 8. En méditerranée cette alcyon couvre certaine gorgone d’où le nom alcyonaire parasite. En Bretagne, cet alcyonaire est souvent rose et ne colonise pas les gorgones.
Caryophyllia-smithii, Fetlar à 16 m | Alcyonium coralloides, Fetlar à 22m |
le glossaire
Aposématique : Qualifie un caractère par exemple une coloration ou un comportement particulier qui signifie "éloignez-vous !" Se dit d’une livrée très voyante d’un animal toxique ou immangeable
Cirripède : crustacés avec des cirres (pattes thoraciques transformées en fouet hérissé de poils ou plutôt soies servant à la nutrition et à la respiration)