La sortie du club du 17 au 21 septembre a été l’occasion de plonger sur les sites de l’île de Bréhat et de découvrir les richesses biologiques remarquables de cette île un peu éloignée du continent et donc protégée de la pollution.
Plus de 100 espèces ont pu être photographiées lors des 9 plongées de sortie. Il sera difficile de parler de toutes, mais je propose une sélection de plusieurs espèces.

La présence d’espèces très variées est la preuve de la qualité des eaux notamment au niveau des crustacés et des poissons.
La diversité de ces deux embranchements est révélatrice de la bonne santé du milieu.

Je commencerai par les crustacés avec la présence d’un nombre important de homards sur les sites.

Homarus gammarus Les blés noirs, 6 m	Palinurus elephas Les blés noirs, 8 m

Le homard possède deux pinces asymétriques l’une dite broyeuse l’autre coupeuse. Cela lui permet de casser les choses dures et couper ou manipuler les morceaux plus fins avec l’autre. Comme beaucoup de crustacés, il se régale des poissons morts ou autres cadavres tombés au fond.

Nous avons pu noter la présence sur un site de la langouste européenne (Palinurus elephas). Cette espèce revient en force en Bretagne notamment ces 4 dernières années. Avant la présence était rare et réservée à des sites éloignés ou exceptionnels.
Aujourd’hui nous constatons, que cela soit en baie de Morlaix ou autour de l’île de Bréhat, la présence de jeunes individus en nombre significatif.

Autre crustacé présent : la dromie. Cet animal pratique l’art du camouflage :

• soit avec des éponges dont il se recouvre
• soit avec des algues ou laminaires autour desquelles il s’enroule pour se cacher de ces prédateurs.

A vous de trouver où est la dromie sur cette photo ?

La dromie (Dromia personata) comme tous les crustacés change de carapace régulièrement au rythme de sa croissance.
La carapace abandonnée est l’exuvie, résultat de la mue. Ici l’exuvie est intacte, seule l’absence des yeux trahit le fait qu’il s’agit d’une carapace vide et non pas d’un individu mort.

Faites la comparaison entre l’exuvie à gauche et ...	le crabe bien vivant...à droite, Basse Cocault, 3 m

Autres crustacés remarquables :
  la crevette Periclimenes qui se cache dans son anémone protectrice appelée ortie de mer.
  la crevette bouquet très souvent au voisinage d’un prédateur regardez bien autour ... parfait pour l’apéro avec la crevette grise sa copine, qui préfère les milieux sableux.

Periclimenes sagittifer sur Anemonia viridis, Moncello, 11 m	Palaemon elegans, Moncello, 10 m

Autre habitant des anémones, l’araignée des anémones Inachus qui vit souvent avec l’ortie de mer. Celle de la photo a choisi de s’abriter dans une aiptasie brune.
Bien sur, l’araignée la plus connue des gastronomes ....la Maja de Bretagne...

Inachus phalangium sur Aiptasia couchii, Moncello, 4 m	Maja brachydactyla, Basse Cocault, 26 m

Enfin un dernier crustacé moins connu, le scapelum (Scapellum scapellum), un cirripède qui vit à jusqu’à des profondeurs importantes en comparaison des balanes de la même famille que l’on côtoie sur l’estran à marée basse.
Les appendices de ce crustacé se sont transformés en cirres qui captent le plancton. C’est pourquoi, on nomme ces individus des cirripèdes.

Ce cirripède est pédonculé avec une articulation bien visible, Basse Cocault, 33 m

Concernant les poissons le plus fréquent est la vieille commune (Labrus bergylta).
La couleur peut changer en fonction de plein de facteurs : age, milieu... et éclairage du plongeur.

Livrée rouge parfaite comme camouflage, mais éclatante avec un éclairage	Moins connu, le juvénile de la vieille, une jeune vieille quoi ... vous pensez à qui ?	La livrée classique ...il s’agit toujours du même poisson.
Moncello à 8 m	Les blés noirs, 5 m	Mem Garo, 15 m

Un champion du camouflage, le syngnathe rayé, vit à faible profondeur dans les herbiers et peut mesurer jusqu’à 50 cm de longueur.
Il se nourrit de petits crustacés copépodes et larves diverses en utilisant sa bouche allongée comme une pipette.
On rencontre un autre poisson étonnant, le targeur de roche, un poisson plat à la gueule de travers.
On le dit sénestre car c’est un poisson plat dont les yeux sont sur la face gauche de l’animal.
Il est souvent appelé à tort "sole de roche" car il vit dans les failles et anfractuosités. En effet la sole est un poisson plat dextre qui a les 2 yeux sur la face droite du poisson.

Syngnathus acus, Mem Garo, 5 m	Zeugopterus punctatus, Moncello, 13 m

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Autre curiosité des roches bretonnes, la blennie gattorugine ou cabot. Ce poisson n’a pas d’écaille et se protège avec un mucus généré par la peau. Il est très curieux et territorial.

Parablennius gattorugine, Epave Ludwig Janssen, 13 m

Les poissons au voisinage du sable ont été très nombreux.
Citons l’équille de petite taille (15 cm max) très convoitée par les lieux et les tacauds ou éperlans ainsi que par leur cousins plus grands, les lançons communs (25 cm).
Le lançon commun est reconnaissable à la tache noire devant l’œil. Encore faut-il être assez prés des poissons pour le voir, seule une photo nette le permet.

Ammodytes tobianus, Equille, Basse Cocault à 23 m	Hyperoplus lanceolatus, lançon commun à tache noire, basse Cocault à 7 m

Une autre famille de poissons est bien présente à Bréhat est celles des gobies reconnaissables en autre par la présence d’une nageoire dorsale en 2 parties.
Le plus commun est le gobie nageur. En général, c’est une vraie plaie pour le photographe car il se met toujours devant l’objectif gâchant la super photo que l’on voulait prendre.
La particularité de ce gobie est qu’il ne se pose jamais.
Un autre gobie totalement invisible dans le sable, le gobie de sable buhotte reconnaissable avec la tache noire sur la première dorsale.
Le gobie léopard est plus facile à repérer avec ses taches noires sur fond blanc mais fuit à la moindre alerte. Je vous cite un dernier gobie pour la route .....le gobie tacheté.

Gobiusculus flavescens, Moncello, 4 m	Pomatoschistus minutus, basse Cocault, 33 m
Thotogobius ephippiatus, Basse Nord, 28 m	Pomatoschistus microps, gobie tacheté, Epave Ludwig-Janssen, 10 m

Les poissons cartilagineux étaient aussi présents...avec la raie torpille (Torpilla marmorata) dont les cellules électriques situées de part et d’autre des yeux peuvent transmettre jusqu’à 40 V afin d’assommer ses proies.
Attention aux plongeurs de ne pas la toucher gare au choc électrique....
Voici la Torpedo marmorata que nous avons rencontrée au phare du Paon à 12 m.

Cette raie avait une paire de lunettes de soleil et bronzait sur le sable....	Mesdames, vérifier que c’est un mâle, on voit parfaitement les ptérygopodes.

Autre poisson cartilagineux, la grande roussette dont certains ont eu la chance d’apercevoir la livrée étoilée dans une faille.
La photo, ci-dessous à gauche, montre une ponte de grande roussette, d’une taille plus importante que la petite roussette. La petite roussette est un animal placide.

Scyliorhinus stellaris, Roch Hir, 11 m	Scyliorhinus caniculus, phare du Paon, 10 m

Pour finir je ne pouvais manquer de vous montrer un nudibranche dont les apparitions sont peu fréquentes en septembre....
La photo a été prise sur le site Moncello à 3 m de fond..

La trapanie blanche (Trapania pallida) dont les panaches branchiaux et les rhinophores ne se rétractent pas et présentent des boucliers de protections contre les prédateurs.

Portrait de plongeurs heureux (Homo aquaticulus) d’une belle sortie....