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Croisière plongée aux Iles Maldives, Janvier 2004
dimanche 25 janvier 2004, par Chris

Une journée sur le Vaaré (Croisière plongée aux Iles Maldives, Janvier 2004)

Ce matin vers 7 heures « bateau », réveil à la voix chantante de Carole, qui invite les plongeurs à sortir des bannettes. J’ai encore dans la tête la nage en Palmes Masque Tuba avec le requin baleine de 7,50 m de la veille, un moment magique, le pique-nique d’hier soir auprès du feu sur la plage d’un îlot désert et le son du tamtam maldivien dans la nuit. Il faut tout de même se lever pour de nouvelles aventures sous-marines.

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Sur la plage avant, un petit café (ou thé) accompagné de biscuits maldiviens nous attend. Nous ouvrons les yeux et les oreilles pour suivre le briefing de Martin pour la plongée. Il nous propose ce matin le site de Panétoné, une passe avec un courant sortant qui promet d’être sportive, avec quelques tourbillons (washing-machine) dont il faudra se méfier. Le café avalé, embarquement sur le Dhoni qui tel un rémora accompagne le Vaaré, et où le matos plongée et les blocs gonflés nous attendent. Jusqu’au site, 10 minutes de navigation que nous mettons à profit pour nous équiper, faire les derniers ajustement du matériel et la vérification des éclairages et des appareils photos. Martin se met à l’eau en PMT pour vérifier le courant : sortant et pas trop fort, comme prévu. Il remonte endosser son bloc, et c’est le signal « On y va, bonne plongée ! ».

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Dès la mise à l’eau nous tombons sur un requin léopard posé sur le fond en guise de comité d’accueil. Nous essayons de nous protéger du courant en nous rapprochant du récif, où nous découvrons un festival d’alcyonnaires, poissons coffres jaunes et balistes bleus. Dans le bleu du coté du large, des thons et des carangues en chasse. Nous remontons après 55 minutes de bonheur en immersion pour une profondeur maxi de -33m. De retour sur le Vaaré, un vrai petit dèj nous attend préparé par le cuistot sri-lankais, avec œufs au plat, saucisses au poulet sauce piment-confiture, jus de fruits, toasts, etc. Nous avons tous faim et ce n’est pourtant pas à cause de la déperdition calorique : l’eau est à 28°. Une petite heure de navigation et de décompression (dans tous les sens du mot) plus tard nous arrivons aux environs de Madivéli, un angle de passe connu pour être un site de nettoyage de raies manta (madi) sur fond de sable blanc (véli dans la langue locale). Mise à l’eau dans un chenal sur un fond de -15 m, avec un bon courant sortant comme ce matin (quoique nous sommes encore le matin). Me laissant un peu surprendre pendant la descente, j’arrive au fond un peu loin de la palanquée, qui est déjà à l’abri d’un banc de sable qui remonte ; pour rattraper les autres, je me hâle sur le fond tout en palmant énergiquement : résultat, un début d’essoufflement, le palpitant battant à 110 et 20 bars de moins* dans la bouteille ; dur ! Je récupère rapidement à l’abri (relatif) du courant, et nous nous dirigeons vers le site décrit dans le briefing de Martin : là, nous découvrons le spectacle fantastique, à couper le souffle (ça tombe bien) des raies manta (5m d’envergure et 1500 kg pour le modèle standard) qui tournent, et virevoltent au dessus de nous, la bouche ouverte pour laisser entrer les petits labres nettoyeurs, qui vont jusqu’à passer dans les branchies de ces monstres pour faire leur travail sanitaire. Les appareils photos et la vidéo des plongeurs sont en action pour remonter à la surface ces images extraordinaires.

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Soudain, comme répondant à un appel inaudible pour nous, les raies se dispersent et disparaissent. Nous allons finir notre réserve d’air sur le thila, récif qui remonte jusqu’à -15 m, pour voir les coraux et les alcyonnaires, ainsi que leurs nombreux habitants : chirurgiens, balistes bleus par centaines, une tortue qui nage tranquillement contre le courant, alors que nous sommes obligés de nous accrocher au fond pour ne pas dériver, etc. Après 45 minutes d’immersion (pour -23m maxi) nous déroulons les parachutes vers la surface pour faire un palier de sécurité à -3m en nous laissant dériver, tout en nous signalant au Dhoni, pour qu’il vienne nous récupérer. Nous remontons avec plein d’images dans la tête de ces 2 plongées du matin. De retour sur le Vaaré, nous allons nous mettre à table pour le déjeuner cette fois. Nous avons déjà fait deux plongées mémorables dans la matinée, et il est à peine 13 heures « bateau » et on a l’impression d’être le soir déphasés par le décalage horaire et la perte de nos repères chronologiques habituels. En fait, il n’est que 8 heure du matin en France, c’est pour dire !

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Au menu, poisson grillé, légumes en sauce bien relevée et riz. Comme boisson, la Kinley, eau de mer dessalée sous licence Coca-cola (sic !) : nous resterons sobres, esprit sportif et pays musulman obligent. L’après-midi pendant la remontée vers le nord de l’atoll, soit environ 2 heures de navigation, sieste pour certains, tri des photo numériques, charge des phares et autres équipements, point au GPS par l’amiral pour contrôler la navigation : ce n’est pas vraiment utile, car le captain local connaît bien la route, mais c’est toujours amusant, car les coordonnées obtenues au milieu de Ari atoll sont typiquement 4° de latitude Nord et 73° de longitude Est, valeurs inhabituelles pour les navigateurs côtiers français que nous sommes. Nous repérons les différentes étapes, les lieux de plongée et les sites de mouillages sur la carte marine affichée dans le carré. Arrivés sur notre mouillage de nuit, deux apnéiste acharnés (Philippe et Samuel) vont faire un tour à la palme sur le récif à environ 500 m du bateau, pendant que les hydravions font la navette entre Malé et l’île hôtel située juste en face de nous. C’est assez impressionnant, mais un peu bruyant.

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En fin de journée, rassemblement sur la plage avant pour le briefing de la plongée de nuit, prévue à Maaya thila, un sec tout rond qui remonte à -6 m depuis un fond vers -20 à -30 m tout autour. Ca se présente bien : peu de courant à prévoir, rappel des consignes de sécurité en plongée de nuit et description du flash qui sera fixé à la ligne de mouillage afin de le retrouver facilement le bateau en fin de plongée. Equipement des plongeurs sur le Dhoni, mouillé sur le sec, et nous attendons que le disque solaire disparaisse derrière l’horizon pour nous mettre à l’eau : suspense ... pas de rayon vert pour cette fois. Nous suivons la ligne de mouillage dans l’eau sombre et tiède jusqu’au thila, et suivons une petite tortue de l’autre coté du caillou face au courant qui est effectivement très faible. Pendant les première minutes, il règne encore une faible clarté suffisante pour distinguer la faune locale et les premiers requins sans éclairage. Au signal, nous allumons tous nos phares, et c’est soudain comme un lever de rideau sur un spectacle magique et coloré. Martin pointe sa caméra à l’entrée d’une grotte sur un poulpe blanc marbré très sympa, alors qu’une grosse tortue dort tout au fond la tête cachée dans un trou, immobile et en apnée pendant son sommeil : Philippe et Samuel ont encore des progrès à faire. Le murènes, quant à elles sont en chasse en eau libre. Des chirurgiens de toutes couleurs dans la lumière des phares fuient devant nous, alors que les perroquets ont tissé leurs « sacs de couchage » pour dormir dans les trous du récif. D’une grotte en dessous de nous vers -22 m, sort un gros requin débusqué par nos lampes, et dont les yeux brillent dans la lumière du phare de Catherine. Nous le suivons sur quelques mètres, alors que de nombreux requins « pointe blanche » rappliquent attirés par l’agitation du lieu. Nous terminons la plongée sur le dessus du thila, alors que des requins passent en tous sens au dessus et au dessous de nous, parfois même entre nos jambes. Le flash du mouillage est bien visible, ce qui est heureux, car un autre groupe de plongeurs vient de se mettre à l’eau, et c’est la pagaille, on se croirait dans une scène de la guerre des étoiles avec les faisceaux des phares en guise de sabres laser. Finalement, nous retrouvons tous le Dhoni, même pas frigorifiés après ces 55 minutes d’immersion nocturne. Sous nos latitudes, on boit souvent un vin chaud après une plongée de nuit pour se réchauffer. De retour sur le Vaaré et après une petite douche rapide (il faut économiser l’eau douce), nous prenons tout de même un apéro pour nous remettre de nos émotions de la journée, et sacrifier à une tradition bien établie des plongeurs, ceci avec les moyens du bord : punch de jus de fruits locaux améliorés au rhum cubain, le tout suivi d’un bon dîner animé par les conversations. Un petit vent presque frais s’étant levé, nous avons déroulé la bâche pour plus de confort. Après dîner, rendez vous dans le carré où Martin a branché la vidéo : images du requin baleine d’hier, des requins dans le bleu de ce matin, des mantas de midi du poulpe et des tortues de la nuit. Tout ça dans la même journée, c’est trop ! De plus, Martin nous a promis des requins marteaux pour demain, génial !

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Nous regagnons les bannettes, et nous nous endormons bercés mollement par le léger roulis du Vaaré, avec une pensée émue à ceux qui travaillent en ce moment en France en grelottant de froid.

Jean-Paul Arnoul (texte et photos) (JPG)


Cette épisode me vaudra l’inauguration d’une nouvelle forme de solidarité entre le moniteur et son équipier. En effet, Catherine et Samuel ayant une consommation d’air des plus réduite, leurs binômes moniteurs respectifs Jean-Luc et moi même, privés de leurs blocs bi-bouteille 2x9 litres habituels, ont pris l’habitude le leur taxer un peu d’air en fin de plongée pour ne pas tomber en panne. Un comble, car normalement, c’est au moniteur d’assister son équipier. Mais bon, pas de raison que la solidarité soit toujours dans le même sens. Et après tout, c’est grâce à nos bon soins de formateurs qu’il profitent maintenant de si belles plongées. Pas de remarque désobligeante Catherine, s’il te plait ! dans la mer, le parasitisme est la règle.


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